Au
Centre-Nord du sous-continent indien, se trouve la ville sainte
de l'hindouisme : VARANASI, plus connue par son ancien
nom de BANARAS ou BENARES en français.
Elle s'appelle aussi KAHSI, du nom de la tribu
qui s'implanta ici dans l'Antiquité. Un quartier au nord
porte encore ce nom, c'est la première gare en arrivant
de Kolkata.
Une
des villes les plus anciennes au monde, lieu de pélerinage depuis
la nuit des temps, ici règne des cultes qui remontent à
l'Antiquité ou peut-être à la préhistoire.
Ville du dieu Shiva, le Gange coule devant les ghats (quais qui permettent
de descendre au fleuve) bordés des palais des Maharajas, temples
et maisons bâties en hauteur pour dominer l'eau qui monte de près
de 6 mètres pendant la mousson d'été.
Né
dans l'Himalaya, le Gange traverse l'Inde d'Ouest en Est vers le golfe
du bengale, le plus grand du monde, s'étendant au sud de Calcutta
au Bangladesh.
Cette
ville de plus d'un million d'habitants ressemble pourtant à une
petite bourgade. La vieille ville, le long du Gange, est un entrelaçement
de ruelles étroites où se côtoient indiens, commerçants,
vaches et singes en liberté. Le Chowk est le coin le plus typique.
Au-dessus du grand ghat de crémation où les hindous viennent
se faire incinérer pour arrêter le cycle des réincarnations,
on trouve toute sorte de petits métiers, des fabricants de livres
ou cahiers aux sculpteurs sur pierre qui forment dans le granit dieux
et déesses du panthéon hindou.
En
s'éloignant du fleuve, on entre dans les quartiers musulmans.
L'opposition qui règne entre les deux grandes religions fait
de Bénarès une ville explosive. Le parti politique intégriste
hindou (le BJP) tente d'éradiquer l'islam de la ville la plus
sainte de l'Inde avant de l'étendre à tout le pays. En
effet, dans le Chowk, le fameux Golden Temple qui abrite un ensemble
de temples dédiés à Shiva contient dans sson enceinte
... une mosquée. Policiers par milliers, contrôles et tensions,
donnent le ton au drame de l'Inde depuis son indépendance en
1947.
Malgré
les différences éthniques, Bénarès est la
capitale de la soie indienne. Tisserants traditionnels, artistes incomparables,
les indiens, principalement musulmans, créent la plus belle soie
du pays.
L'Université
de Varanasi est une des plus connu du pays. Un vaste ensemble de jardins
et de bâtiments donne à la ville sainte son image de ville
tournée vers l'avenir, l'éducation et le progrés.
Face au palais de Maharaja de Bénarès, de l'autre côté
du Gange, à Ramnagar, l'Université est une petite ville
où l'Inde mérite bien de son titre de couveuse des "cerveaux"
du XXIe siècle.
Malgré
la richesse et la population étudiante de Bénarès,
une forte proportion de la population reste très pauvre. Venus
des villages environnants ou petits travailleurs dans les ateliers,
les rickshawallas (conducteurs de pouss-pouss à vélo),
demeurent dans un état de misère parfois terrible. Les
femmes brûlées, rejétées par la belle famille
ou leur mari, sont très nombreuses dans cette région de
l'Uttar Pradesh. Le système des castes entraine des inégalités
et incite certains à abuser de leur statut spirituel pour exploiter
les intouchables. Seuls, parmi ces basses-castes ou sans-castes du tout,
ceux qui s'occupent des morts ou les nettoyeurs de linge sale ne laisseraient
leur place sous aucun prétexte.
Région
continentale de l'Inde, l'été est très chaud (on atteint
facilement les 50°C en juin avant la mousson) et l'hiver peut être
assez froid la nuit (vers le 8°C). La mousson d'été fait
monter le Gange régulièrement et le fait déborder largement.
Entre 4 à 6 m plus haut que la normale, l'eau sacré engloutit
les marches des ghats devenus impratiquables. Voir la météo
de Bénarès aujourd'hui, en haut de page.
Des millions de pélerins défilent tout au long de l'année,
mais surtout au moment des grandes fêtes. Clochettes et conques résonnent
nuit et jour dans la vieille ville.
Au
nord est de Bénarès, en banlieue, la petite ville de Sarnath
est le haut lieu du bouddhisme. C'est là que le Bouddha, après
son illumination sous l'arbre à Bodhgaya, est venu donner son premier
sermon qui allait révolutionner la pensée du monde il y a
2500 ans. Bien qu'il n'y ai que des ruines, la grande stupa de l'empereur
Ashoka (-200 av. JC)se dresse encore, majestueuse au milieu des jardins,
dans le Parc aux gazelles. Des monastères de tous les pays du monde
(Japon, Tibet, Thaïlande)entourent le sanctuaire et viennent donner
une touche de paix et de sérénité dans cette région
où hindous et musulmans rivalisent de bruits, chants et musiques.
Bénarès
est une des destinations les plus prisée de l'Inde. Sur la
route de Calcutta et de Delhi, du Rajasthan ou de Darjeeling, près
de Bodhgaya la bouddhiste, Bénarès est l'incontournable
site où le passé millénaire et le futur se
sont unis, se perpétuent. C'est là que le Soleil se
lève, en face des ghats, et que les hindous viennent contempler
et prier l'astre qui illumine leur conscience. C'est là que
Shiva à posé son pied, qu'il a consacré le
Gange sacré et l'a donné aux hommes pour se purifier.
Malgré le taux de pollution de celui-ci, qui est un record
mondial, les eaux qui s'écoulent devant la ville entraînent
la vie et la mort des êtres et nous poussent à réfléchir
sur la vie en général, qui va son chemin sans s'arrêter.
Saurons-nous sacraliser ce passage ?