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Retraite de Noël. Contemplation du Christ dans les ténèbres.

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1er jour : Dans le désert j'ai entendu ta voix, j'ai vu une lumière.
2e jour : Je me suis mis en marche au fond de mon coeur.
3e jour : Seigneur, je ne te vois pas !
4e jour : Je ne vois que mon péché et mes ténèbres.
5e jour : Toi, tu habites avec le péché ?
6e jour : J'ai vu l'enfant et je me suis prosterné.
7e jour : C'est là que je veux demeurer !

l'enfant Jésus déposé dans la crèche à Noël à Béthléem


1er jour : Dans le désert j'ai entendu ta voix, j'ai vu une lumière.
Nous entrons dans le temps liturgique de l'Avent, c'est à dire ces 4 semaines de préparation pénitentielles (hé oui,comme pour le Carême !) à la fête de Noël, plus justement appelée "fête de l'Incarnation de Notre Seigneur Jésus Christ".
Notre vie quotidienne pourrait être comparée à un grand désert où nous marchons tant bien que mal, sous la chaleur du jour ou le froid de la nuit, sans eau et sans réconfort, sans amis ou sans Dieu. Dieu se laisse chercher toujours et encore et lorsque nous le rencontrons dans nos vies c'est pour le perdre aussi vite, soit par nos péchés soit parce que Dieu s'éloigne pour qu'on le cherche encore, autrement, plus loin. En effet, chercher est une démarche qui nous implique et nous transforme. Chaque fois que nous cherchons Dieu, il nous apprend quelque chose de Lui, Lui qui est insaisissable. Nous oublions que Dieu ne se voit pas, ne se touche pas comme nos sens le désireraient. Dieu est Autre, toujours autrement. Et chaque fois que l'on a l'impression de le saisir on comprend qu'on n'a touché que la lumière d'un rayon de soleil divin à travers le feuillage d'un arbre. Non, Dieu n'est pas comme nous l'imaginons.
Il doit revenir, c'est l'essentiel de ce temps de l'Avent, de son "Avènement". Le croyons nous ? L'attendons nous ? Même à la messe nous disons plus facilement que nous "l'attendons jusqu'à ce qu'il revienne" (Kérygme). Mais l'Eglise n'est pas passive ! Là aussi nous nous trompons lorsque nous proclamons haut et fort que le Seigneur reviendra .... quand il aura envie. Le livre de l'Apocalypse conclue les livres bibliques par ces mots : l'Esprit et l'Epouse disent viens ...Amen, viens Seigneur Jésus ! Ces 4 mots devraient résonner comme des trompettes chaque fois qu'on les entends, chaque temps de l'Avent et à chaque messe.
AMEN ! Ce oui hébreux qui signifie bien plus qu'une affirmation ou une acceptation.
VIENS ! Le Christ veut qu'on l'appelle, qu'on le désire. Et il y a si peu de gens, de croyants qui le désirent, notre foi est trop souvent désabusée, passive, lascive !
SEIGNEUR ! Nous n'attendons pas un prophète ou un signe, nous n'attendons pas un homme qui viendrait changer les choses, rajeunir l'Eglise, bousculer les politiques ou nous apprendre la vrai prière. Nous attendons le Seigneur, celui des morts et des vivants, le Seul, l'Unique !
JESUS ! Enfin, ce Nom au dessus de tout nom, le Nom de l'Epoux, le Nom Sauveur. Yeshouha en hébreux, Dieu Sauve.
Dans le désert, l'Eglise, ma prière personnelle, le témoignage des autres, sont autant de voix qui ma parlent de Lui, qui m'interpellent dans le tréfonds de ma nuit. Déjà, par la lecture de cette retraite, je me laisse enseigner, je rencontre quelqu'un qui me parle de Dieu. Je ne le fais peut-être pas assez souvent, je ne suis pas assez attentif à tous ceux qui proclament dans le désert (parfois vide !) la Parole de Dieu. Prendre un temps d'écoute, c'est accepter un rendez vous avec Dieu, peu importe ce qu'il sera, encore moins peu importe ce que je serai, comment j'écouterai. Je suis là et c'est déjà pas si mal.
La lumière, nous ne la verrons que si nous fermons les yeux. Dieu ne communique sa clarté que lorsque nous nous sommes retiré dans l'ombre de la chambre, que nous avons laissé toutes les lumières qui nous perturbent et qui ne sont pas Dieu (même si elles sont bonnes en soi). Voir la Lumière c'est distinguer au loin une bougie. Il n'y a donc pas que des ténèbres dans ma vie, il n'y a donc pas que moi qui marche seul dans le désert. Il y a quelqu'un d'autre ici !

Pratique du jour : Aujourd'hui je m'engage à faire la route jusqu'au bout. Une petite semaine mais qui devrait s'étaler jusqu'à Noël. Si je commence quelque chose, je dois le finir. Quand je râle que Dieu ne vient pas dans ma vie ou que Dieu ne m'aide pas, je dois me souvenir que je ne l'attend pas très fidèlement. Je demande et si la réponse ne vient pas je m'en vais. Laissons à Dieu le temps de venir, ou plutôt laissons notre coeur s'ouvrir assez pour le reconnaître devant nous, en nous. En ce jour, je prends un quart d'heure de prière en silence, sans chapelet, sans livre ni prières à lire, sans intentions à demander, sans paroles. Juste s'asseoir confortablement (mais pas pour s'endormir), allumer une bougie pour signifier cette Lumière que l'on cherche. Durant ce temps qui peut être très long si nous avons du mal à pacifier notre esprit, ou très court si nous nous immergeons dans le silence divin. L'important n'est pas la qualité mais la fidélité. Etre là et le chercher, le désirer. Ecouter le silence de Dieu, regarder sa Lumière qui nous donne un message.


2e jour : Je me suis mis en marche au fond de mon coeur.

Certains partent en pèlerinage, d'autres vont dans les livres ou les images, d'autres vont dans le silence du coeur. Dieu est partout où il se laisse chercher. Mais c'est bien dans le coeur que Dieu a élu domicile. Le Coeur de Dieu n'est autre que son "Etre" le plus révélé et notre coeur est aussi notre âme. C'est donc l'union de ces deux coeurs pour n'en faire qu'un, qui nous révèle Dieu proche de nous.
Entreprenons ce voyage, comme les Mages, dans l'inconnu du désert, mais surtout dans les profondeurs obscures de notre être, de notre coeur. Mais où est ce coeur ? Ce n'est pas l'organe qui pompe notre sang et nous tiens en vie. Mais on pourra l'imaginer dans cette zone là parce que nous y sentons la chaleur de l'amour et les battements de nos émotions. Il nous faut y trouver aussi les battements du coeur de Dieu au coeur de notre coeur !
Faisons un exercice : imaginons que notre coeur est une immense montagne à l'envers. Mais il n'y a là pas de sens, pas de haut ni de bas physique, seulement le monde extérieur que l'on appellera "bas" et le plus profond de notre coeur qui est la "demeure de Dieu" au milieu de nous, que l'on appellera "haut" ou "sommet". Nous allons donc "gravir" cette montagne en y "descendant" jusqu'au bout. Comme un haut sommet, la marche sera dure, mais nous devons avoir confiance que Dieu est là-haut en train de nous attendre.
Mais comment "marcher" dans notre coeur ? Il faut un peu d'imagination mais tout le monde arrivera bien, en fermant les yeux, à imaginer un chemin qui gravit une montagne. Ensuite il faut y mettre les différents éléments qui vont nous permettre de "gravir" vers le sommet spirituellement. On commence avec de la réflexion, de l'imagination et on va vers un état où notre être le plus profond va participer à cette médiation pour devenir un réel cheminement intérieur.
Imaginons donc, que ce chemin est caillouteux, difficile, pentu et tortueux. C'est le chemin de notre vie et le dur chemin que Dieu emprunte chaque jour pour nous retrouver. A nous aussi, il demande que nous prenions ce chemin –qui est notre vie – pour le rencontrer. Comme dans la parabole de Jésus à propos du semeur, notre chemin est bordé de broussailles qui envahissent la route –ce sont toutes les choses du monde qui nous empêchent de nous concentrer sur Dieu-. Il y a ces cailloux qui font mal aux pieds et qui nous empêchent de marcher sur un sol meuble et agréable, la Parole de Dieu ne peut y rester, les oiseaux du ciel viennent la manger aussitôt tombée sur ce sol. Il y a des rochers sur lesquels il faut monter, d'autres qui nous font trébucher ou qui glissent et risquent de nous faire tomber dans le ravin –ce sont toutes nos bonnes intentions mais qui ne sont pas enracinées dans le Christ et qui ne sont que de beaux rocs sans que rien ne puissent prendre racine dessus. Et nous pouvons imaginer encore d'autres choses qui correspondent à notre vie et qui ralentissent notre progression vers Dieu. N'oublions pas que ces "choses" ne sont pas extérieures à nous mais bien greffées en notre coeur. Elles ne sont pas "moi" mais elles font partie de moi, de mon histoire. A moi de les surmonter, les gérer, les dépasser, ne pas les laisser m'envahir. Où mon chemin va-t-il ? Vers Dieu ou vers le monde ? Quel chemin je choisis de prendre, quel chemin j'ai décidé de suivre ?

Pratique du jour : Aujourd'hui je prends quelques minutes de prière en silence, juste en m'imaginant ce chemin tortueux, celui qui corresponde le plus à ma vie. Je l'imagine mais je le vis aussi dans tout mon être. Et je descend intérieurement vers la direction du coeur ...


3e jour : Seigneur, je ne te vois pas !

J'ai vu une lumière dans mes ténèbres, mais je ne vois toujours rien d'autre. Personne ne s'approche, rien ne se profile. Suis-je perdu ? Finalement, suis-je seul ? Existe-t-il autre chose que moi dans cette nuit ? Dieu, le démon, mes affections, mes amours, mes désirs, que sont-ils alors ? Est-ce le fruit de mon imagination pour me réconforter ? Alors, est-ce que moi je suis aussi ? Est-ce que j'existe réellement ?
Si j'arrive à me poser cette question, c'est que mon coeur est prêt à voir la Lumière ! Si je reconnais que je ne suis peut-être rien, alors Dieu qui est Tout peut prendre toute sa place et me montrer que dans ma on néant, ma nuit obscure, je suis pour Lui, j'existe pour Lui, et que malgré ce que je suis : Rien !, je suis pourtant dans son Coeur et c'est cela seul qui compte.
Beaucoup disent : mais Dieu, je ne le vois pas, donc je n'y crois pas. Ou alors je ne le vois pas, Il doit être un Dieu qui ne s'intéresse qu'à Lui-même et je ne suis rien pour Lui. Ceux qui disent cela, le disent parce qu'ils ont envies de le croire. Ils sont coupés de Dieu, ils sont loin de Lui, ils ne le connaissent pas, mais ils ne veulent surtout pas le rencontrer, croire qu'Il peut les aimer et les reconnaître.
Dans la nuit du péché, ou tout simplement la nuit de ce monde –qui n'est pas forcément péché- je ne vois pas Dieu, Il se fait parfois "absence" ou "caché". Je n'aime pas beaucoup dire "néant" ou "rien". Au fond de nous-même, l'âme qui est sainte sait qui est son créateur. On parle alors de Dieu caché ou de Dieu qui ne se montre pas. Cela veut dire qu'il est là, dans l'obscurité. Ne l'oublions jamais, dans les plus grandes souffrances ou les plus grands désespoirs, Dieu est là, même s'il est dans le noir, dans la ténèbre. Un psaume dit que "la nuit pour Lui n'est pas ténèbre, le jour comme la nuit est Lumière !".

Pratique du jour : En ce jour, je me mets dans un endroit isolé et sombre pour y prier. Je cherche au delà de toute image, de toute prière, le regard caché de mon Dieu. Je veut voir Dieu dans l'obscurité, et plus encore dans la nuit de mon âme. Je le cherche au plus profond de moi, au milieu de ce que je suis, au milieu de mon péché et de mon néant. Je le fais pour que ma foi s'enracine dans l'amour et au-delà des choses visibles et matérielles, telles que mes sens, mon intelligence, des prières lues ou récitées, des images ou un chapelet. J'apprend à demeurer avec mon Dieu dans la nuit, j'espère en sa Présence, j'essaie de fixer le regard de mon âme vers l'Etoile qui me conduit jour après jour dans l'obscurité.


4e jour : Je ne vois que mon péché et mes ténèbres.

Peut-être, dans cette prière, je vais désespérer. Ce n'est pas bon et il ne faut surtout pas rester dans un tel état. Il peut être normal, mais ne jamais demeurer. Il doit être comme un souffle de brise qui passe mais ne s'arrête pas. L'évènement de l'Incarnation du Fils de Dieu, qui se situe à Bethléem en Judée, est traditionnellement mis au coeur de la nuit parce qu'une "grande lumière doit se lever sur le peuple qui vit dans les ténèbres." Jésus n'est pas venu pour les bien portants et les justes, mais pour les pécheurs et les malades. Nous devons donc relever la tête et non nous exclure de cet évènement. On oublie trop souvent que le temps de l'Avent est une période de pénitence aussi. Moins importante que celle du Carême, mais une préparation à la fête de l'Incarnation. Il y a donc cette nécessaire démarche de conversion qui va nous faire voir notre péché et nos ténèbres pour mieux orienter notre vie vers la Lumière. Si mon âme me dit que je ne suis que péché et bien indigne de paraître, même en prière, devant la Sainteté de Dieu, je suis sur le bon chemin. Mon être est dans la nuit et je ne vois rien de bon ni de lumineux. La vie des saints nous élève vers Dieu, nous donne envie de les suivre, mais bien souvent ils sont trop "parfaits" pour correspondre à notre propre vie. On occulte bien vite après leur mort toutes leurs difficultés et leur long chemin de conversion et de combats. Leur "pureté" d'âme nous encourage néanmoins et il est bon de les fréquenter par la prière, demander leur intercession et surtout lire leur vie édifiante pour nous immerger dans une ambiance où Dieu est omniprésent. Fréquenter le péché nous y fait adhérer et fréquenter les saints nous fait aussi vivre dans leur influence. Apprenons à suivre ces âmes saintes et à fuir le monde qui nous pousse à nous éloigner de la sainteté. Le moine se retire du monde, l'ermite fuit les hommes même, notre âme, bien que vivant dans le monde, doit se réfugier dans la cellule de notre coeur, éviter tout contact avec ce qui conduit au péché. Avec cela, nous pourrons marcher dans les ténèbres sans difficulté, à la Lumière du Christ qui nous accompagne.

Pratique du jour : Aujourd'hui, je fais un examen de conscience pour voir mon péché, mes tendances, mes égarements, mes vices et mes infidélités. Je rentre sans peur dans mes ténèbres et les regarde en face, je tiens une croix dans ma main pour me prouver que le Seigneur est là, même au milieu de mon obscurité et que je ne dois pas craindre. Je prends un saint que j'affectionne particulièrement, je relis peut-être sa vie ou je dis une prière de lui ou d'elle. Je prends la ferme décision de relever la tête et d'avancer dans la nuit, en repoussant les ténèbres grâce à la croix de Jésus. Il est Lumière et il me communique sa Lumière. Je prends donc la décision de rejeter la moindre occasion de péché ou d'infidélité à l'amour et je m'engage à aller à l'opposé du monde en accomplissant des actes de foi, de charité et d'espérance pour les autres. J'allume dans ma vie une lampe et je pars dans la nuit pour l'éclairer, au Nom du Christ.


5e jour : Toi, tu habites avec le péché ?

Par cette remarque, on pourrait croire qu'il s'agit de Dieu qui nous adresse un reproche. Les autres aussi. Nous vivons finalement avec une image que l'on veut bien se donner, de personne bien, respectable, sainte et pieuse peut-être. Et si notre âme est montrée au grand jour, on s'aperçoit que nous avons des défauts et même de grands péchés intimes. Et là, on s'attend à entendre : Toi, tu vis dans le péché ? Et moi qui croyait ....etc. C'est bien ce que l'on reproche à l'Eglise, de ne pas être assez sainte et parfaite, voyez les croisades et les cas de pédophilie ! Il est si facile de juger l'Eglise ou les gens quand on est en dehors !
Mais cette phrase qui donne le thème de ce jour, ce n'est pas dans ce sens là que nous devons l'entendre aujourd'hui. C'est notre propre parole qui s'adresse ....à Dieu. "Toi, Dieu, tu habites avec le péché ? Comment, Toi la sainteté parfaite et absolue, Tu peux fréquenter le péché et la nuit des hommes ?" Rappelons-nous ce que les gens disaient de Jésus : il fréquente les pêcheurs et les prostituées. Oui Dieu se plaît à passer et à vivre au milieu des pêcheurs, parce qu'il est venu sauver et non juger. Lorsque nous avons la moindre pensée de jugement sur les autres qui ne sont pas comme il faut, faisons l'effort d'"Humilité". J'ignore ce dont je suis capable, tant que les occasions, les circonstances n'éveillent pas en moi ce péché, ce vice ou cette déviance. Si nous avions été dans le cas de cet alcoolique, de ce drogué, de cette prostituée ou ce joueur d'argent, si j'avais vécu sa vie, où serais-je ? Beaucoup diront qu'ils ne seraient jamais tombés aussi bas, qu'ils n'auraient pas fait ceci ou cela malgré tout. Mais peut importe ce que nous aurions fait, nous ne le savons pas ! Un tel va se mettre à fumer, un autre dans le même cas n'en aura pas envie. Nous sommes différents et nous avons des attraits différents pour les choses. Certains ont la grâce pour ceci, d'autres pour cela, d'autres ne l'ont pas. Dieu nous voit tel que nous sommes, avec nos faiblesses et nos péchés. Il nous aime malgré cela. N'est-il pas mort pour nous, pour prendre sur ses épaules nos fautes pour nous éviter de mourir ? Il l'a fait jusque là, il nous a aimé jusque là ! Oui, Dieu habites avec le péché, non pour s'y complaire et y adhérer, mais au contraire pour conduire l'homme à en sortir, pour lui dire qu'il n'est pas fait pour rester là. un peu comme si Dieu nous disait : "Je suis venu te chercher, là où tu es, au risque de me souiller et de souffrir pour arriver jusque dans ta poussière et ta boue, au risque que ma Lumière affronte ta ténèbre."

Pratique du jour : Ce jour, je m'abaisse devant Dieu et le reconnaît dans les petits, dans mes propres faiblesses. J'accepte que Dieu, le si Grand, s'abaisse jusqu'à moi, j'accepte que Dieu, le très Pur, mêle sa Sainteté à ma souillure. J'accepte que Dieu, tout Amour, m'aime lorsque je ne l'aime pas. La sainteté consiste à se laisser regarder et aimer par Dieu, à le reconnaître en tant qu'Amour et Sauveur, et enfin à le laisser nous guérir.


6e jour : J'ai vu l'enfant et je me suis prosterné.

Nous approchons du jour de la Nativité. Nous allons contempler au fond de notre coeur tout d'abord, l'Enfant-Roi, l'Enfant-Dieu. Contempler n'est pas observer. Il n'y a pas là de sujet d'analyse ou de réflexion. Nous devons le voir et l'aimer dans la simplicité de l'enfant qui découvre un papillon, une fleur ou un sourire de maman. Contempler veut dire arrêter toute réflexion sur ce que nous voyons ou aimons et se laisser pénétrer, interpeller par le divin qui se manifeste dans le silence, dans la nuit.
Si nous arrivons à voir l'Enfant Jésus, nous devons nous prosterner. Si nous ne le faisons pas c'est que nous n'avons pas su le reconnaître. Ce n'est pas une belle histoire ou une symbolique doucereuse. Mesurons la pleine grandeur de cet évènement. Le plus important des temps liturgique est Pâques. C'est dans le mystère de la Croix que le Sauveur nous arrache au péché et à la mort, il est venu pour cela. Mais dans ce premier évènement de l'Incarnation, il y a déjà tout l'amour de Dieu qui se révèle. Dieu, invisible et pur esprit, choisit de venir en notre humanité pour la sauver ! Ce n'est pas rien. Il ne le fait pas pour les anges ou les animaux, pour le reste de la création, seulement pour l'Homme. Il en gardera l'engagement jusqu'au bout puisque Jésus monte aux cieux avec son corps. Il y a un Homme à la droite du Père ! Même les anges en sont stupéfiés nous dit un cantique liturgique de l'Ascension.

Pratique du jour : Aujourd'hui je prends le temps d'adorer. Un instant, dans une église ou chez moi, peu importe. Nous devons retrouver le sens du Sacré. Ce lieu qui peut être n'importe où, là où nous voulons que Dieu trouve son marchepied, son repos. Et si Dieu se manifeste en ce lieu saint, adorons-le profondément, parce qu'il aura exaucé notre désir de le rencontrer. Et si Dieu se fait toujours "absence", offrons là notre présence et adorons Dieu dans la nuit, Il saura voir dans le secret notre intention.


7e jour : C'est là que je veux demeurer !

Notre monde nous apprends à devenir adulte. Cela est une bonne chose, de même en spiritualité, il ne faut pas rester comme des enfants qui ne font que demander et n'assument jamais leur vie de chrétien adulte qui est là pour enseigner, travailler à l'Evangile et soutenir les autres. Le monde nous pousse donc à prendre nos responsabilités mais dans l'excès. Plus de compétition, toujours plus d'argent, moins de temps, mais plus de loisirs égoïstes, .... toute notre vie n'est qu'une course à rien ! Combien consacrent leur vie à leur travail, à leurs loisirs mais pas à Dieu ou à leur prochain ? Ceux qui espèrent la retraite pour enfin vivre et s'occuper des autres et d'eux-mêmes, sont parfois déçus par la vieillesse qui les rattrape, ou la maladie ou la mort prématurée. Hé oui, la vie ne commence pas à la retraite ! Chaque jour est un "unique jour", demain ne sera peut-être pas ! Lorsque je regarde l'Enfant Jésus couché dans la paille d'une mangeoire, je dois prendre conscience que la vie commence là, même dans la plus extrême pauvreté, même dans la souffrance. La vie est autre chose que le bonheur idéal et que les biens extérieurs. Adorer l'Enfant c'est reconnaître que Dieu à choisit une vague étable vide pour naître et que je n'ai pas à choisir là où je voudrais vivre. Je dois vivre là où je suis aujourd'hui et tenter d'orienter ma vie vers un meilleur mais sans oublier que Dieu seul doit être le lieu où je demeure. Ailleurs, ce ne sont que des illusions, des choses périssables qui ne m'apporteront qu'un bonheur éphémère. Elles ne sont pas à rejeter, au contraire, mais à gérer avec parcimonie, comme si elles n'étaient pas importante et vitales. L'essentiel est ma vie intérieure, mon âme qui seule est moi.
Je dois transformer ma vie qui est ténèbres en vie qui est Lumière. "Vous êtes la Lumière du monde" nous dit Jésus. Jésus n'est pas le seul à être Lumière, Il nous communique sa Lumière, Il nous fait porteur de la Lumière de la Bonne Nouvelle.

Pratique du jour : Aujourd'hui je regarde ce qui fait ma vie, ce qui m'entoure, ce qui m'appartient. Avec Dieu à mes côtés, je me pose la question si tout cela est bien nécessaire. Et Dieu, dans tout ça, où est-il ? Trouver la place de Dieu dans ma maison, ma famille, mon travail, mes biens, tout voir par rapport à Lui. Je dois arriver à trouver dans cette vie, ce petit recoin sombre où repose un Enfant qui dort, qui me sourit en silence. Et dans ce placard peut-être où je l'aurai trouvé, je dois secrètement faire ma demeure et l'adorer en permanence. Où que je sois, je serai auprès de Lui, voyant toute chose par rapport à Lui. Dieu s'est fait enfant, c'est fait petit pour m'apprendre la faiblesse de Dieu qui est Sa force. A moi, maintenant, de l'imiter et de laisser toutes mes assurances et ce qui me rassure dans ce monde, pour ne m'appuyer que sur Dieu seul.
Le soir de Noël, les rues s'illuminent, les églises, les maisons. N'oublions pas que Dieu qui est présent dans toute sa création, présent sacramentellement dans l'hostie, est aussi présent en chacun de nous, dans notre âme. En tant que chrétiens, nous devons allumer une lumière en cet endroit précis, au plus profond de nous-même. Nous devons témoigner, pour nous et pour les autres, que le Christ est présent. En cette nuit sainte, contemplons le Christ dans les ténèbres du monde, dans l'obscurité de notre être, dans la nuit de notre esprit, pour que Sa Lumière resplendisse, "pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix".(Lc 1, 79, cantique de Zacharie)

Joyeux et Saint Noël !

que Jésus ouvre notre coeur à la merveille de son Amour et nous remplisse de la joie des Anges :

" Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes qu'Il aime ! "

icône de la Nativité