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Fraternité de la Croix des Pauvres

La place de
MARIE
dans le propos de vie
de la FRATERNITE

 

1- Marie servante du Seigneur
2- A côté de Jésus, debout, à la Croix
3- Et je vis un signe dans le ciel ...
4- Bienheureuse, Mère de Dieu
5- Mère des Pauvres
6- Tout au Cœur de Jésus par le Cœur de Marie
7- Cause de notre joie
8- Celle qui enseigne dans le silence
9- Prie pour nous qui avons recours à toi
10- Dispensatrice des dons de l'Esprit
11- Vénérée dans plusieurs religions
12- Mère de consolation et Perpétuel Secours


Icône de la Vierge à l'Enfant Jésus - Cana (Israël)

1- Marie servante du Seigneur

Alors Marie dit : "Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole." (Lc 1, 38)
"Il s'est penché sur son humble servante." (Lc 1, 48)
Parce que le ciel s'est penché vers les hommes, parce que Dieu dans son infinie miséricorde voulu combler l'humanité de sa divinité, parce que le Verbe incréé, Fils du Père et Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, voulu s'abaisser jusqu'à la nature humaine pour la sauver et la racheter, ainsi l'univers tout entier s'est vu transfiguré par le miracle de l'Incarnation. Et dans un infiniment petit et pauvre atome du cosmos, sur cette planète terre, en un village insignifiant, dans un cœur immaculé et préparé depuis toute éternité, vint s'accomplir la "Merveille", la grande promesse qui était annoncée, dans la chair et le sang, l'âme et l'être de Marie, fille d'Israël. Non pas dans un palais, non pas dans une princesse ou une reine, non pas dans un temple ou dans une créature céleste, mais dans une jeune fille humble et fidèle, dans une fille digne de l'Israël de Dieu, dans une femme qui allait devenir – mais qui l'était déjà dans son immaculée conception - la Femme qui enfante l'humanité nouvelle, la nouvelle Eve. Plus encore, bien plus grand et immensément extraordinaire, c'est dans cette femme anonyme que le Fils de Dieu va venir prendre chair en prenant naissance, chair, sang et vie en elle, par elle, avec elle, et en faire la "Mère de Dieu" !
Servante de Dieu, non pas esclave ou même maîtresse de maison, juste épouse et toute consacrée au Seigneur. Elle a tout reçu de Dieu, sa vie, son désir de Lui, son élan d'amour pour Lui, sa consécration, son cœur immaculé. Et bien que ce ne fut peut-être pas son désir premier, elle fut donnée, offerte, à Joseph pour se marier. Le désirais-t-elle ? On peut penser que Marie était toute à l'écoute de la volonté de Dieu sur elle, et que si être à Lui devait être dans le mariage, elle le reçu comme une vocation, comme un grand bonheur. "Mère de toute vocation", pourrais-t-on dire ! Elle qui voulait se donner toute entière à Dieu et dont on célèbre le geste par la fête de la Présentation de Marie au Temple, elle du se poser la question de la façon par laquelle elle serait le plus donnée au Tout-Puissant. Non, ce ne sera pas en restant célibataire, à servir dans le Temple, mais dans le mariage. Mais la "toute pure" ne conçue pas par le fait d'un homme mais par l'Esprit saint. La relation entre un homme et une femme serait-elle "impure", alors ? Il ne s'agit pas de l'acte, mais de la "paternité" de Jésus. Si Joseph avait été le père, Jésus aurait été pleinement enfant de deux êtres humains. En venant de Dieu, Jésus est l'accomplissement du désir de Dieu de s'unir à notre humanité, de s'incarner en Jésus pour être pleinement Dieu et pleinement homme. Il vient du Père, il n'est pas un être humain possédé de Dieu. Il est Dieu lui-même qui s'est abaissé jusqu'à nous et prendre notre condition humaine, jusqu'à la mort. Marie est bien la "servante" du Seigneur, celle qui fait la volonté du Père, celle qui garde en son cœur tout ce qu'elle vit et ne comprends pas toujours, dans la foi. Elle n'est pas là pour régner, pour diriger, décider, elle n'est que la servante, l'instrument de Dieu pour son oeuvre. Si telle est la volonté de Dieu sur moi, alors "je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole."
Si elle est modèle de vocation, elle est aussi modèle du serviteur. En elle est né le "serviteur des serviteurs" dans le Christ. Il a lavé les pieds de ses disciples pour leur montrer ce qu'il fallait faire. Déjà, en Marie, résidait ce commandement du service et de l'amour, puisque en elle Jésus avait déposé toute sa grâce en un cœur immaculé semblable au sien.
Nous sommes les enfants de ta servante, Seigneur, comme le dit le psaume. Enfants de Marie à la suite de notre grand frère Jean au pied de la croix. Comment serions-nous plus grands que notre mère ? Parce que nous aurions échappé à la vile condition de serviteur pour nous élever socialement ? Notre orgueil et notre péché nous font croire qu'il y a eu une "évolution" de notre condition. C'est vrai que Jésus nous a rétabli dans le Jardin d'Eden, c'est vrai qu'en Lui nous sommes héritiers du Royaume, que par notre baptême nous sommes devenus prêtres, prophètes et roi. Tout cela est vrai. Bien plus encore, Marie fut élevée au ciel, comme "seconde" créature ressuscitée dans la Gloire du Père. Elle fut couronnée Reine des Anges, Mère de Dieu. Combien notre condition devient alors bien indigne de nous, pauvres pêcheurs. Elle qui mérite toute les louanges et la royauté auprès de son Fils, Roi de l'Univers, elle n'a pas perdu ce qu'elle était néanmoins. C'est en cela que Dieu est merveilleux et digne d'adoration, car en ses créatures qu'il a sanctifié, il a déposé et gardé en eux l'humilité, la douceur et la tendresse, malgré qu'il les ai élevé à la gloire du ciel.
Un saint François n'est pas devenu riche au ciel, ni une sainte Thérèse de l'Enfant Jésus est devenue grande, ils demeurent petits et aimant comme ici-bas, serviteurs et servantes du Seigneur, mais pleinement comblés maintenant de la vision du Créateur, de leur Bien-Aimé, et en cela ils sont devenus riches et grands. Marie demeure à jamais cette servante du Seigneur, celle qui ne fait rien sans que son Maître ne le lui dise.
Il ne nous reste plus qu'à suivre son exemple, nous faire disciple de notre mère pour obéir au commandement de Jésus qui est de servir nos frères, nous faire serviteurs du Maître jusqu'à ce qu'il revienne. Mais trouvera-t-il encore la foi, serons-nous en train de veiller, serons-nous resté de fidèles serviteurs ? Jésus pose la question dans l'Evangile, à nous de veiller et prier pour rester à notre place, avec Marie. Chaque fois que nous entendons à l'Angélus ces paroles : "je suis la servante du Seigneur", nous devons nous rappeler notre place, qui auprès de Marie est de servir avant tout.
Tout comme nous devons nous redire le plus grand commandement : "Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, ...etc.", et plusieurs fois par jour, comme nous le disons avec Marie dans le Magnificat, nous devons aussi dire l'angélus 3 fois dans la journée, comme une cloche qui nous rappelle notre condition de serviteurs, et combien cela a porté des fruits puisque c'est dans cette attitude de serviteur que le Christ s'est fait chair.

2- A côté de Jésus, debout, à la Croix

Marie, mère de Jésus et servante du Seigneur, est toujours là à ses côtés. Même s'il elle n'y est pas toujours physiquement, elle y est par son coeur.
A Cana, Jésus est là avec ses premiers disciples. Marie est là aussi. Merveilleuse présence discrète et humble de Marie aux côtés de Jésus. On vient la voir, peut-être parce que c'est elle qui connaît bien les mariés. En tout cas elle n'est pas oubliée dans les convives et même on lui fait part qu'il n'y a plus de vin. "Faites tout ce qu'il vous dira." Elle n'est rien sans Jésus, elle est toute tournée vers Lui pour qu'Il puisse accomplir sa mission. Elle ne fait que lui transmettre le soucis du maître de cérémonie. Marie est là, aux côtés de Jésus. Elle ne lui demande rien si ce n'est d'accueillir ce qu'elle a à lui dire. Elle s'en remet totalement à Lui. "Qu'y as-t-il entre toi et moi ?" lui répond Jésus. Ce n'est pas une simple remarque que fait Marie, elle provoque, peut-être inconsciemment, le début du ministère de Jésus. Qui est donc Marie pour être celle qui va "ouvrir" l'Evangile de Jésus, mettre à jour cette Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres ? Et Jésus le lui fait remarquer. Qui est-elle ? "Faites tout ce qu'il vous dira". Confiance de Marie dans ce que fera Jésus, quoi qu'il fasse. Comme poussée par l'Esprit, elle devance l'heure, elle suit ce que l'Esprit lui indique de faire. Elle vit de l'Esprit. Et l'Esprit dit : "Viens !" (Ap 22, 17) Avec la Création toute entière, Marie et l'Esprit, l'Esprit et l'Eglise disent "Viens !" à Jésus. Vienne ton règne, maintenant. Comme l'Eglise en prière tous les Dimanches attend la venue du Christ à la Parousie, mais surtout l'appelle, ce désir de Marie, fille d'Israël, la pousse à devancer le moment de la Révélation aux fils des hommes. Elle est à côté de Jésus pour intercéder pour nous, pour demander à Jésus : "ils n'ont plus de vin." C'est comme si elle disait : "fais quelque chose pour eux, ils n'ont plus de pain, plus de vin, ils ont soif de ton Corps et de ton Sang." Et Jésus de répondre : "donnez-leur vous-même à manger." Et Marie nous dit : "Faites ce qu'il vous dit. Avec le peu que vous avez, ayez la foi, donnez à manger." Parce que Marie à la plus grande confiance en Dieu, elle répand la grâce que Jésus donne par ses mains.
Autre instant où Marie est présente particulièrement, c'est au pied de la Croix. On ne sait pas si Jean était debout ou effondré avec Marie-Madeleine. En tout cas, même si Marie fut aussi écrasée par la douleur, par ces glaives qui lui transpercèrent le coeur, l'Evangile nous dit qu'elle était "debout", "stabat mater".
"Prés de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la soeur de sa mère, Marie la femme de Clopas et Marie du village de Magdala. Jésus vit sa mère et auprès d'elle le disciple qu'il aimait. Il dit à sa mère : "Voici ton fils, mère." Puis il dit au disciple : " Voici ta mère." Et dés ce moment, le disciple la prit chez lui." (Jn 19, 25-27)

vierge du St Sépulcre - Jérusalem
La Vierge au pied de la croix (St Sépulcre - Jérusalem)

Prés de la croix ! Marie est tout prés, au plus prés qu'elle puisse. C'est là qu'elle peut contempler, adorer, porter son Fils. Marie ne s'est pas retirée avec les disciples, elle est restée avec le plus jeune, le plus aimé de Jésus aussi. Là, Jésus confie l'un à l'autre, et il nous remet tous dans la compagnie de Marie. Non pas en tant que femme, mais en tant que mère, sa mère, et plus encore elle devient là notre mère. Celle que Jésus a choisie de toute éternité pour être sa mère, il la donne à notre humanité, il la remet comme toute son incarnation entre nos mains. Il a livré son Corps entre les mains des pêcheurs, il remet délicatement Marie sa mère entre les mains de son disciple préféré. Il donne sa mère comme il donne toute sa vie.
Marie est debout. Sa foi n'est pas limitée à quelques moment particuliers, toute la vie de Jésus est un acte de foi pour Marie. Même si elle ne comprend pas pourquoi il reste dans le Temple à l'âge de douze ans pour être avec son Père, même si elle ne saisit pas ce que veulent dire les paroles : "mon Corps est une vraie nourriture, mon
Sang est une vraie boisson" et tant d'autres choses qui s'éclaireront peu à peu à la lumière de la Résurrection, malgré les interrogations, elle sait que tout cela a un sens et que Jésus est Fils de Dieu. Marie debout au pied de la croix où son Fils souffre, c'est Marie qui demeure dans la contemplation du Mystère de Dieu et la confiance. Au delà de la souffrance et de la mort, elle tient debout parce qu'elle porte en elle cette nouvelle Eve. Elle naît du côté transpercé de Jésus, elle devient là la nouvelle création, celle qui s'appellera l'Eglise du Christ.
En quoi trouve-t-elle sa place dans notre propos de vie ? C'est parce qu'elle est justement cette Eglise, cette mère de la nouvelle création, qu'elle est capable de nous faire demeurer au pied de la croix, et en même temps rester debout avec elle et Jean. C'est dans sa maternité qu'elle nous fait être enfants de Dieu, par son Fils. Nous sommes enfants de Marie, parce que Jésus nous l'a donnée comme mère, tout en étant Mère de Dieu. Nous ne pouvons pas rester debout si nous n'avons pas Marie pour nous y aider. Elle seule a sut garder la foi, la confiance et l'amour pour rester debout devant son Fils crucifié. Quand nous servons les plus pauvres, nous aurions tendance à nous écrouler, à flancher devant tant de misère. L'Homme ne tient plus debout et entraîne les autres à se suite. Le nouvel Adam nous relève, nous ressuscite, nous tire vers le haut. La nouvelle Eve nous enfante à une vie nouvelle, elle nous fait vivre de l'Esprit et nous tient debout, car l'Homme n'a plus de raison d'être anéantit, puisque c'est la mort et le péché qui ont été détruit, qui sont retournés au néant.

3- Et je vis un signe dans le ciel ...

Il ne peut y avoir de vraie vocation chrétienne que si elle est d'Eglise. En Marie, nous avons celle qui nous apprend à tout faire en restant dans la volonté du Père, en restant dans l'obéissance de l'Eglise.
"Un grand signe apparut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, qui avait la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête." (Ap 12, 1)
Dans cette vision, st Jean nous montre l'Eglise du Christ revêtue de lumière et maîtrisant tout ce qui est changeant (la lune) pour établir une stabilité dans le Christ. L'Eglise des hommes, fondée sur les douze apôtres, trouve en Marie la figure de cette Jérusalem céleste, signe de notre espérance, et en même temps l'Eglise d'aujourd'hui, l'Eglise terrestre, qui ne cesse de puiser en la Mère de Dieu l'eau de la Source divine. C'est dans la contemplation de ce mystère que nous devons rester, admiration de la merveille réalisée par le Christ en faisant naître l'Eglise universelle. Marie doit demeurer au coeur de notre coeur pour pouvoir sans cesse nous tourner vers son Fils. Dans notre église, notre chapelle, elle doit être "au milieu de nous" pour adorer le Dieu Tout-Puissant. Non pas au centre, non pas en avant, mais au milieu de nous ou sur le côté; c'est elle "la servante du Seigneur", celle qui nous donne le Christ, celle qui nous le présente comme à la crèche ou même comme au pied de la croix dans ses bras.
Elle est revêtue du soleil parce qu'elle fut couverte du Saint-Esprit, elle fut "comblée de grâce" par l'Incarnation du Verbe en elle. C'est donc cette lumière que nous devons regarder, remonter à la source de cette lumière, et être à notre tour la "lumière du monde" en tant que disciples de celui qui est la vraie "Lumière du monde". Marie en est le reflet, irradiée de la Gloire de Dieu qu'elle contemple.
Si nos inconstances, nos mouvements de va et vient vers le Seigneur, nous empêchent de "rester dans la grâce", avec Marie nous apprenons jour après jours à maîtriser notre amour, notre esprit, notre coeur, notre chair, pour les conduire à ne plus bouger mais être centrés sur le Christ seul, trouver la stabilité qui nous permet d'avancer vers un seul but, ne pas nous détourner, ni à droite ni à gauche, de Jésus.
Ces douze étoiles qui brillent comme une couronne sur la tête de Marie et de l'Eglise, ce sont les piliers de notre foi, ce sont les apôtres qui nous ont devancés dans la vie chrétienne et nous l'ont transmise. Marie est la mère de l'Eglise, la reine des apôtres, elle nous renvoie sans cesse à l'Eglise, à l'obéissance à ses pasteurs, à l'unité en un seul corps.

Marie à la Rue du Bac
"Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous."

4- Bienheureuse, Mère de Dieu

"Toutes les générations me diront bienheureuse" nous dit Marie dans son Magnificat. Oui, bienheureuse Vierge Marie, car elle fut choisie pour être la mère du Sauveur, elle fut choisie par son propre fils pour être sa mère.
Marie nous invite à la joie et au désir de la béatitude en Dieu. Notre vocation, comme l'a montré la servante de Dieu Claire de Castelbajac, est le bonheur en Dieu. Nous devons donc rechercher cette joie dans l'Esprit qui est un des critères que l'Esprit Saint demeure en nous. Etre rempli de grâce, comme Marie, c'est accueillir le don de Dieu en nous et en vivre. Non seulement être les dépositaires de ce précieux don, mais être comme les serviteurs fidèles qui ont fait fructifier leur bien. Marie, n'a pas seulement reçue le Christ en sa chair, mais elle l'a offerte au monde, elle l'a porté, écouté et elle gardait en son coeur tout ce qu'il disait. Elle a conformé sa vie à l'école de son propre fils, elle a fait de sa maison le Royaume de Dieu, puisque Dieu lui-même en avait fait sa demeure parmi les hommes.
Marie nous invite et nous apprend à recevoir d'elle cette béatitude. En ce monde où la souffrance, la peine, les difficultés sont souvent à l'encontre de cette spiritualité, la Vierge est pour nous le modèle de la vie chrétienne qui doit au-delà du mal et de la tristesse nous établir dans la contemplation de Dieu et de son Royaume. Jésus ne dit-il pas que le Royaume est déjà là ? Qu'en est-il ? Déjà par la simple présence du Christ ressuscité parmi nous, par sa présence eucharistique, Dieu a établi son règne. Le pouvoir de la mort et des ténèbres n'a plus de prise sur le monde. Croire que le mal triomphe est un leurre que le démon nous soumet pour nous persuader que le mal règne en maître sur l'humanité et ce temps. Lorsque Jésus nous dit que nous sommes la lumière du monde et le sel de la terre, c'est bien pour nous indiquer que nous avons une mission particulière envers nos prochains. Porter la lumière, être ce sel qui donne goût à la vie, voilà la vrai vocation du chrétien.
"Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis", nous dit Jésus. On pourrait dire aussi : il n'y a pas de plus grand amour et de plus grande joie. Car l'amour provoque la joie et la paix, une béatitude qui nous attire et nous fait désirer ce besoin d'amour. Alors, les plus grands saints auraient du avoir une vie merveilleuse et paisible, dans une joie totale puisqu'ils étaient dans cette communion avec le divin. Pourtant la plus part on vécu de grandes souffrances, des nuits obscures terribles. C'est que nous nous ne sommes pas des anges et que nous sommes encore enfants de ce monde. L'amour même provoque en notre chair la souffrance, ne serait-ce que par amour pour l'autre. Mais c'est aussi nos réticences à nous donner totalement, nos péchés qui combattent en nous cet état quasi incompatible avec notre nature humaine, en tout cas le pensons-nous. L'homme est-il vraiment fait pour la souffrance ? Le Christ est venu nous apporter la Bonne Nouvelle, c'est à dire que le message de Dieu est que notre humanité pécheresse est rachetée par l'amour de Dieu et qu'il nous fait héritiers du Royaume puisque nous devenons enfants, fils et filles adoptifs de Dieu. Notre nature humaine, transfigurée par la résurrection du Christ, n'est plus vouée à la mort mais à la vie, à la joie. Notre évangélisation doit passer essentiellement par cet annonce, nous sommes invités à enfin prendre notre vraie nature en main, celle de notre bonheur en Dieu. C'est ici que la place de Marie est importante, car elle nous mène vers un chemin inconnu de notre nature, une voie qui ressemble à un chemin d'épines et de poussière, une route qui a les pierres du chemin de croix. Il est donc bien difficile de prendre cet itinéraire qui rebute notre conscience toute humaine. "Que celui qui veut devenir mon disciple renonce à lui-même, prenne sa croix et qu'il me suive" dit Jésus. Voilà la voie du bonheur ? Et si c'était la véritable voie du bonheur ! Marie nous montre par l'icône du Perpétuel Secours cette tendresse qu'elle a pour nous, elle nous donne ses mains pour nous réfugier, prendre confiance, pour pouvoir nous tourner vers la croix. Jésus le fait et trouve la joie de pouvoir regarder en face la volonté du Père : qu'il donne sa vie pour les hommes. En Marie nous trouvons cette même compassion pour nos corps faibles, nos intelligences toutes humaines. Elle nous invite à trouver notre joie dans la croix. Ce n'est ni la souffrance, ni le mal qui vont nous réjouir, soyons-en certain, on ne se plaît pas à voir le malheur, encore moins à le vivre. La joie qui nous est proposée réside uniquement dans l'amour, et c'est lui qui arrive à nous faire supporter le reste. Marie au pied de la croix, bien qu'elle soit transpercée de douleur, trouve une joie parfaite dans l'abandon à la volonté du Père, à l'amour pour Dieu au-delà de la souffrance. Le Royaume est en elle, au fond de son coeur, et, comme le dit St Paul, cette joie, nul ne peut nous la ravir. Bienheureuse Marie qui porta le Fils de Dieu, tu porte avec lui l'humanité souffrante pour la conduire dans son Coeur adorable, pour qu'elle trouve en lui la joie parfaite, celle des enfants de Dieu. Bienheureuse car Mère de Dieu, Théotokos, tu transmets la grâce de Dieu par tes mains de mère, tu nous apprends à tout recevoir de Lui. Cette béatitude ne peux venir de nous-même, c'est même impossible. Seul Dieu peut communiquer, donner, créer en nous cette joie parfaite qui fait tout supporter, tout porter, tout donner. Et parce que Marie est Mère de Dieu, elle est capable de nous éduquer à ce mystère, elle peut, comme une mère avec son enfant, nous apprendre ce qui est bon pour nous, nous apprendre à vivre dans la joie divine. Epouse de l'Esprit Saint, elle l'invoque sur nous, elle le prie pour qu'il vienne nous couvrir, nous guider et vivre en nous. A nous de le demander à notre tour, de l'accueillir, d'en vivre et de le laisser demeurer en nous, nous transfigurer dans sa lumière. Bienheureuse Mère de Dieu, prie l'Esprit Saint de venir nous transformer en Lui, nous remplir de sa joie et de sa paix !

5- Mère des Pauvres

Marie couvre ses enfants de son manteau, pour qu'aucun ne tombe dans les mains du Malin, pour nous garder auprès d'elle. Et qui est son enfant le plus cher, si ce n'est le pauvre. Comme la gardienne particulière des plus pauvres, celle qui demeure avec eux dans leurs souffrances, leurs peines, leurs humiliations, leurs craintes, leur faim, Marie est celle qui participe à leur vie, comme elle fut là pour le chemin de croix de Jésus. Elle est celle qui suit la croix, qui nous la montre, qui la porte par son coeur, qui souffre avec le plus pauvre, avec chacun de nous. Marie est mère de Jésus, mère donnée à Jean, mère de l'Eglise du Christ, mère de chaque chrétien, mère de chaque pauvre.
Mais comment peut-elle être mère plus spécialement des pauvres ? Par l'Incarnation du Verbe de Dieu en elle, elle est devenue la Nouvelle Eve, la mère des Vivants. Elle enfante l'Eglise et elle enfante aussi tous les croyants. Le pauvre n'est pas forcément croyant, mais comme il est figure du Christ souffrant malgré lui, il est aussi l'invité aux Noces à la place de ceux qui n'ont pas voulu venir parce que trop occupés aux affaires du monde, il est l'Eglise que les serviteurs sont allés chercher en dehors du peuple choisit, il est celui que Marie enfante par son humilité, sa discrétion, sa maternité dans une étable de Bethléem. En étant pauvre avec les plus simples, la Ste Famille s'est approchée des plus pauvres, Dieu a choisit de vivre avec eux en prenant une famille humble et pauvre de Nazareth en Marie et Joseph. Tous les pauvres font partis de cette famille de Jésus incarné, celle de Marie et celle de Joseph. "Qui est ma mère, mon frère, ma soeur ? C'est celui qui fait la volonté de Dieu." Le pauvre qui est associé mystiquement au corps du Christ dans sa Passion, devient aussi le frère de Jésus, l'enfant de Marie, tout particulièrement.
Ce n'est donc pas seulement que Marie s'occupe plus spécialement des pauvres, mais elle est proche d'eux parce qu'ils font partis de sa famille. Dieu s'est fait petit et pauvre dans une crèche, l'annonce fut faite à des bergers, c'était pour signifier que la Bonne Nouvelle était annoncée aux pauvres en étant pauvre lui-même.

6- Tout au Cœur de Jésus par le Cœur de Marie

L'amour pousse a se donner à l'autre, le plus possible, et ça devient une nécessité pour pouvoir faire grandir encore plus cet amour. L'amour de Dieu pousse donc à vouloir lui donner notre vie, notre coeur. Et quel meilleur endroit que le Coeur Sacré de Jésus pour déposer tout notre amour, puisque c'est là que réside l'Amour divin.
Il faut tout remettre dans ce Coeur, TOUT, jusqu'à nos infirmités spirituelles ou physiques, lui remettre nos faiblesses et nos péchés, nos misères et nos difficultés, et bien sur nos joies, notre action de grâce, notre amour, notre désir de sainteté. Tout cela est offert, donné, d'un bon sentiment, mais nous nous apercevons que notre indignité est telle face à Dieu, que notre offrande n'est même pas présentable. Nous n'osons pas paraître devant Dieu avec une telle âme. Lui présenter quoi que ce soit ne nous vient même pas à l'esprit, nous n'avons même pas franchis le seuil du Temple.
C'est là que Marie vient à notre secours, elle prend notre offrande pour la présenter elle-même à Jésus. Son amour pour nous est tel qu'elle veut bien nous présenter à son Fils, offrir son propre Coeur immaculé au Coeur Sacré de Jésus pour nous. Autant le Coeur de Jésus est l'offrande parfaite pour le Salut du monde, autant le Coeur de Marie est l'offrande pure par Grâce, l'action de grâce au nom de l'humanité dont elle est issue, à Dieu. Tout, toute notre offrande doit passer par le coeur de Marie pour le Coeur de Jésus. Il ne s'agit pas de tout offrir à Marie et puis elle en fait ce qu'elle veut, éventuellement l'offrir à Jésus. Marie ne doit pas être celle à qui on offre, mais dans le coeur duquel on dépose, on confie, pour qu'elle soit la médiatrice auprès de son Fils. Ce n'est pas une obligation comme certains l'ont prêché –en dehors de Marie point de salut !- mais Marie est le perpétuel secours des pécheurs et elle reçoit toujours notre demande avec joie. Elle n'est pas non plus celle dont on se sert quand on en a besoin, mais plutôt celle qui est à nos côtés, et tout spécialement quand nous nous approchons de Jésus. Elle nous conseille, nous rassure, nous guide et elle est là pour nous si nous avons besoin de son aide. Comme une amie, plus encore, comme une mère, elle nous présente à son Fils et nous introduit auprès de Lui, elle nous aide à aller au bout de notre offrande. Elle porte pour nous ce que nous voulons lui confier, elle est de toute façon de notre côté tout en étant par évidence de celui de Dieu. Nous devons rechercher l'offrande de notre vie par son coeur immaculé, car elle saura mieux que quiconque, et que nous-même, la lui offrir plus dignement, infiniment plus saintement, que nous ne saurions le faire. Se donner tout entier au Coeur de Jésus, c'est tout donner à Dieu en déposant notre offrande dans les mains de Marie, dans son coeur pour qu'elle l'offre pour nous tous les jours comme il faut, quand il faut, où il faut. Elle transformera notre offrande maladroite en un trésor purifié et saint –même si ce sont nos péchés- aux pieds du Roi.

7- Cause de notre joie.

Coeur Immaculé de Marie, cause de notre joie. Parce que le coeur de Marie résonne du Magnificat sans cesse, avec elle nous entrons dans la louange et l'action de grâce. Le Magnificat de Marie devient notre joie, associée à la sienne. Parce que Dieu a créé en Marie une créature sainte et pure, un coeur immaculé, à l'image parfaite de la création qu'il désirait au commencement, notre joie réside dans la merveille réalisée en Marie. Elle est le modèle, la création transfigurée, déjà sauvée et renouvelée dans le Christ, elle la Nouvelle Eve, celle qui enfante les enfants de Dieu. Parce qu'elle est ce modèle, cela signifie que nous devons l'imiter, plus encore devenir comme elle. Et notre joie est dans ce coeur immaculé. Dieu veut que notre coeur soit comme celui de Marie, pur et saint, conforme à sa création et à sa volonté –ce qui revient au même ici- qu'il soit tout don et tout comblé des grâces de l'Esprit. C'est notre promesse, notre avenir, notre "homme nouveau" tel que Dieu le prévoit.
Marie nous invite à la joie, car elle est "comblée de grâce". En visitant Elisabeth sa cousine, Jean Baptiste exulte dans son sein en sentant s'approcher l'Agneau de Dieu dans le sein de Marie. Et Marie se met à exulter dans l'Esprit Saint : "Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur." Ce cantique d'action de grâce nous est donné tous les jours durant l'office des vêpres. Avec Marie nous entrons dans la louange car "le Seigneur est avec elle", avec nous. La joie du chrétien réside en premier lieu dans l'Esprit Saint. Dieu communique sa joie comme don de sa béatitude, de sa joie parfaite. En Jésus-Christ c'est en plus la joie, l'exultation de la résurrection. Cette joie, nul ne peut nous la prendre. Au milieu des épreuves, des difficultés, de la souffrance, réside au fond de nous une joie profonde qui est une sorte d'adoration silencieuse, d'émanation d'amour pour Dieu. Lorsque nous disons : "Coeur immaculé de Marie, cause de notre joie", c'est pour dire que notre joie trouve son origine dans l'oeuvre parfaite de Dieu qui est le coeur immaculé de Marie. En lui, nous contemplons la plus belle création de Dieu, et par cela nous adorons Dieu lui-même dans ses oeuvres. "Cause de notre joie" parce que nous voyons là la promesse faites aux hommes, le rachat de l'humanité et la Jérusalem céleste. Nous sommes appelés à conformer notre coeur à celui d Marie, et Dieu lui-même sera le Créateur de notre nouveau coeur, tel qu'Il le désire. Comme dit le psaume : "crée en moi un coeur pur", ou dans le prophète : "j'enlèverai votre coeur de pierre et j'y mettrai un coeur de chair". C'est Dieu seul qui est capable de faire cela. C'est pourquoi nous nous réjouissons déjà dans le coeur de Marie, puisque nous avons foi que Dieu est capable, et fera en nous ce coeur pur pour le contempler. "Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu". Seigneur, crée en moi ce coeur pur, je veux te voir ! Par le coeur immaculé de Marie, modèle en nous un même coeur comme le sien, comme le tien, ô Sacré Coeur de Jésus.


Marie - statue dans la grotte de Ste Anne
(lieu supposé de la naissance de la Vierge
près de la piscine probatique à Jérusalem)

8- Celle qui enseigne dans le silence

Marie ne parle pas beaucoup dans l'Evangile, pourtant elle nous montre l'attitude de la servante de Dieu : elle gardait tout dans son cœur. Elle nous enseigne par le silence et la méditation dans son cœur des évènements. Elle n'est pas passive, elle n'est pas non plus égoïste, elle observe, vit, laisse vivre le Seigneur dans son existence. Elle est tout abandonnée dans les mains de son Dieu, c'est Lui seul qui sait ce qui est bon, elle le laisse conduire sa vie. Elle est le contraire d'Eve qui a voulu prendre en main sa vie en décidant ce qu'elle estimait bon et juste de faire, à l'encontre même des avertissements de Dieu. Marie, elle, Lui remet tout. Quoi qu'il arrive, elle le reçoit de Dieu, elle le lui offre, elle rend grâce pour l'œuvre de Dieu en elle, à travers elle, en Jésus. L'Esprit seul conduit Marie et lui donne le chemin. A la Visitation chez Elisabeth sa cousine, l'Esprit qui l'a conduit là, se met à exulter en elle. Et c'est le Magnificat : Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Ce n'est pas Marie qui soudainement voudrait "s'extérioriser", mais bien l'Esprit qui prie en elle, à travers elle. La seule vraie prière est celle qui vient de Dieu à lui-même. Il dépose en nous la vraie louange, la vraie demande, la vraie supplication, car nous ne savons pas prier. Nos prières sont souvent destinées à nous-même, pour nous rassurer, pour nous aider à exprimer notre désir. une bonne prière nous remonte le moral, nous avons pu dire ce qui restait enfermé dans notre cœur. Mais à qui l'avons-nous adressée ? Est-ce aux murs ? Bien souvent hélas, car nous récitons machinalement, nous n'arrêtons pas de répéter les mêmes demandes au cas où quelqu'un entendrait et répondrait. Mais avons-nous pesé le poids de chaque mots prononcé, les avons-nous destinés à quelqu'un de bien particulier, présent, là, devant nous, pas comme une bouteille à la mer, en espérant qu'elle soit repêchée un jour par hasard ? Dieu est-il vraiment quelqu'un de réel, qui écoute, à qui on parle comme on parle à un ami, à un frère ? Attendons-nous alors une réponse de cet ami ? Comment ? Marie est non seulement toute tournée vers Dieu, mais elle vit de Lui. Bien sur, le Fils de Dieu se fait chair en elle, et elle est donc participante de cette vie. Elle le forme, elle le nourrit, puis ensuite elle l'élèvera (au sens d'éduquer, mais aussi de le faire grandir et elle diminuer, au sens aussi de le montrer). Marie, toujours aujourd'hui, nous enseigne, nous éduque à Jésus. Comment ? Ce ne sont pas par de grands discours. Parfois par des paroles simples mais justes, souvent par le silence de sa présence. Elle nous apprend le silence. Silence intérieur et silence extérieur. La prière elle-même doit se faire silence. Notre vocation n'est pas de demander sans cesse ou de réciter des milliers de fois les mêmes mots. Nous sommes, avec les anges, appelés à adorer Dieu. Et l'adoration ne se fait que dans le silence. On contemple, on écarquille les yeux devant tant de Gloire, on regarde l'Infini, on s'émerveille devant la Sainteté, on dépose tout ce que l'on est, on offre son cœur et son être en silence devant le Trône de Dieu. Marie nous apprend à purifier notre prière, pour qu'elle soit davantage pure et vraie. Cela n'empêche pas les prières, les demandes, les pleurs, mais ils doivent conduire à ce que l'Esprit seul vienne en nous déposer la prière réelle de Dieu. Un peu comme si Dieu qui sait d'avance ce qu'il nous faut, avait rédigé le texte pour nous et qu'il nous disait : je connais ta demande, mais dis-la moi avec ces mots là, ils sont plus justes que les tiens qui sont désordonnés. Non, Dieu ne nous enlève pas les mots de la bouche, il en saisit au contraire l'essentiel, le purifie à sa sainteté, et nous les rend. Ils sont alors efficaces puisqu'ils sont ce qu'il nous faut vraiment. Marie sait mieux que personne ce que veut dire le silence du cœur qui prie.

9- Prie pour nous qui avons recours à toi

A la Rue du Bac, à Paris, en 1830, la Vierge apparaît à une jeune sœur dans son couvent. Elle lui montre une médaille à faire frapper où elle est les bras ouverts et répandant des rayons de lumières par ses bagues. Une prière est inscrite tout le tour : Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous.
Cette image et ces paroles sont très importantes. Marie donne. Elle est Mère de Dieu et elle distribue ce qu'elle a reçu. "Comblée de grâce", elle est remplie des merveilles et des dons de Dieu. Ils ne sont pas pour elle en particulier, ils sont pour être répandus sur le monde. Ses parents d'abord, st Joseph, Elisabeth sa cousine, sûrement les gens de son entourage à Nazareth, etc, en ont été les bénéficiaires, du moment qu'ils ont su "recevoir" de celle qui donnait. Sa présence même suffit à communiquer ce qu'elle garde. Alors notre prière s'élève vers Marie parce que notre secours, notre recours est en elle. Pourquoi avoir recours à marie ? Comme on dit, il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints. Marie, une nouvelle intermédiaire ? Jésus est dit "l'intercesseur" auprès du Père, on ne peut aller au Père sans passer par Lui, Il est la seule "porte" qui nous ouvre le ciel. Alors pourquoi qualifier Marie de "Porte du Ciel", de "source de toutes grâces", de "médiatrice" ? Rien ne remplace le rôle unique du Christ. Marie ne peut en aucun cas être l'égale du Christ dans son oeuvre de Rédemption. Elle n'est pas non plus une autre possibilité d'aller vers le Père ou une seconde médiatrice. Elle n'a pas non plus le privilège d'être celle qui conduit au Christ.
Par contre, Marie fait tout cela parce qu'elle est sa Mère, et qu'elle a reçu la grâce divine pour être Mère de Dieu. Son rôle n'est pas de faire le même travail que son fils, ni de le seconder, mais de le susciter (comme à Cana, quand elle provoque le premier miracle de Jésus), de le montrer (comme à Bethléem, elle montre Jésus aux bergers et aux mages, c'est à dire au monde, à nous), d'être celle qui nous est proche de par sa pleine humanité, mais qui est auprès du Christ (au pied de la croix par exemple) pour nous conduire à regarder là où il faut, au secret du cœur. Nous avons recours à Marie parce qu'elle est celle qui nous reçoit devant la Porte qui est le Christ, c'est elle qui nous introduit, qui nous reçoit, qui nous fait passer le seuil. Elle est "Porte du Ciel" parce qu'elle est à la Porte. Marie ne doit jamais passer avant le Christ, ni en temps ni en prière ou en importance. Faire cela, c'est faire du christianisme une religion mariale. Or, Marie fut assez discrète dans sa vie pour ne pas être élevée plus haut que le Trône de Dieu. Par contre sa Maternité divine l'a élevée jusqu'aux cieux, elle l'a fait s'asseoir auprès de son Fils en tant que Reine. Marie n'est pas une simple femme d'Israël qui fut participante du Mystère de l'Incarnation. Elle fut conçue sans péché pour devenir le véritable Sanctuaire, la véritable Arche d'Alliance du Dieu Vivant. Il n'y en a pas deux, il n'y en aura pas d'autre ! Marie est unique et elle est un peu "l'Icône" de l'humanité rachetée, la référence de l'humanité comblée des grâces de Dieu. De plus elle est Mère de Jésus, Mère de Dieu, elle trône ainsi avec son Fils à la droite du Père et de l'Esprit.
Sachons purifier notre prière mariale pour que Marie ne soit jamais plus priée, plus importante ou plus aimée que Dieu lui-même. Bien souvent il s'agit d'expressions extérieures, mais le cœur doit être bien ajusté pour que le Christ soit l'unique médiateur vers le Père, la seule Porte vers le Ciel, l'unique dispensateur de la Grâce divine.
Marie, prie pour nous, qui avons recours à toi. Oui, nous pouvons avec confiance nous confier à elle et demander son aide, sa prière, car elle est la Mère de Dieu, plus vénérable que les anges et plus incomparable que les chérubins, comme le dit un hymne orthodoxe.

 

 


Voici la Porte basse par laquelle il nous faut entrer !
(entrée de la Basilique de la Nativité à Béthléem)

10- Dispensatrice des dons de l'Esprit.

S’il y a bien une créature qui ait été bénie par Dieu et comblée de l’Esprit Saint, c’est bien la Vierge Marie. D’ailleurs, l’Ange du Seigneur, en apparaissant à l’Annonciation l’appelle non pas de son nom de « Marie » ou par un nouveau nom que pour Jacob-Israël ou Abram-Abraham ou Simon-Pierre, mais par ce qui la définie dans le Cœur de Dieu : « comblée de grâce ». De par sa place privilégiée dans le sein de la Sainte Trinité, elle est souvent considérée comme « co-rédemptrice » avec son Fils. Bien que cette appellation ne soit pas totalement juste (il n’y a qu’un Rédempteur, c’est le Christ !), mais en tant que mère et Mère de Dieu, elle participe en quelque sorte par son « fiat » (son « oui ») à l’œuvre du Salut. On l’appelle aussi « dispensatrice de toute grâce », elle répand les dons de l’Esprit en tant qu’Epouse de l’Esprit. Parler de Marie, c’est parler de l’Esprit. Marie n’est ce qu’elle est que par rapport à Dieu évidemment, elle est ce qu’elle est aussi par les dons particuliers que Dieu lui a conférés pour en faire une créature tout à fait exceptionnelle, comblée de grâces que Dieu n’avait jamais accordées à personne d’autres avant et sûrement personne après.
A la Rue du Bac à Paris, Marie se présente les bras ouverts, des rayons de lumière partant de ses doigts, ou plus exactement de bagues qui brillent plus ou moins selon les demandes des fidèles. Immaculée Conception est son titre de gloire. Déjà, cette révélation n’est pas banale, l’Arche de l’Alliance Nouvelle est conçue parfaite pour porter le Saint des Saints. Mais ce n’est pas seulement « un contenant », mais bien une créature qui aime, qui donne, qui écoute, qui souffre, …. L’Arche n’est pas un lieu mais maintenant une ambassadrice, une gardienne du secret de Dieu. Marie ne fut pas seulement le « moyen » que le Verbe s’incarne. Marie a un rôle comme celui d’un Ange. « Ange » signifie « envoyé » et Marie a ce rôle aussi d’être une envoyée de Dieu.

11- Vénérée dans plusieurs religions

Marie n'est pas l'exclusivité des catholiques. En effet, en tant que Mère de Jésus, elle est reconnue à divers degrés par les orthodoxes, les anglicans et même les protestants (qui ne la considèrent que seulement mère de Jésus). Mais aussi elle prend une grande place chez les musulmans, comme étant la mère très bénie, vierge et mère du Prophète Jésus. De larges pages du Coran lui sont consacrées montrant bien qu'elle n'est pas une simple femme ayant été la mère du plus grand des prophètes pour autant. "Nous avons envoyé Jésus, fils de Marie, accompagné de signes évidents, et nous l'avons fortifié par l'esprit de sainteté." (Coran, sourate II, v.254). Chez les hindous, la Mère est très importante. Mère nourricière, Maa Kali ou Maa Ganga, sont vénérées comme étant les Mères images de la Terre-Mère. La mère de Jésus, Ma Maryiam, Marie-Mère, revêt un caractère particulier. Marie fait partie de la Révélation comme première ressuscitée après le Christ, image de l'Eglise qui est "assumée" (assomption) par le Christ, assis à la droite du Père. Il est délicat de présenter Marie, Mère de Dieu. Selon la croyance, cela sera mal perçue et fermera tout dialogue. Comme par exemple les musulmans pour qui, Jésus, n'est qu'un homme. Pour les Protestants, la notion de Mère de Dieu est trop forte pour être acceptée, Marie n'est que mère de Jésus. Elle ne peut pas être la Mère de Dieu, Dieu n'ayant pas de Mère qui l'a engendré, Lui qui est de toute éternité. En tout cas, Marie participe à la mission de Jésus et elle garde tous ces évènements dans son coeur. Elle est là, derrière Jésus, le suivant discrètement, laissant l'Esprit faire en elle ce qui est le meilleur. Elle est la servante du Seigneur, qu'il lui soit fait selon sa Volonté. La prière à Marie qui peut prendre diverses formes, parle souvent aux gens et ils aiment à réciter ces prières comme une première approche de la foi. Marie est proche de nous, par son humanité, par sa maternité. Elle nous conduit à regarder Jésus en face, à l'écouter, à le suivre humblement. L'icône de Notre Dame du Perpétuel Secours nous apprend à regarder Jésus comme le signifie la main de la Vierge, à regarder son Coeur. Comme si Marie offrait son Coeur de Mère à Jésus (sa main est sous son sein) et Jésus bénis, touche de sa main cette offrande. Interprétation libre de ce détail, mais qui vaut la peine d'être observé et médité sous cet angle là. Marie montre à Jésus la Croix que lui présente l'ange. Elle est est l'enseignante des mystères divins, elle qui a médité tout au long de sa vie l'oeuvre divine à travers elle, à travers Jésus, à travers les évènements de sa vie. Les autres religions ont soif de cette connaissance de Dieu, et Marie est un chemin privilégié vers cette connaissance, cette approche, ne fus-ce qu'intellectuelle.

12- Mère de consolation et Perpétuel Secours

Notre Dame du Perpétuel Secours, Notre Dame de toute consolation, Notre Dame refuge des pécheurs ! En elle nous trouvons les consolations du Seigneur parce que l'Esprit Saint a reposé en plénitude sur la servante du Seigneur. Elle porte en elle l'Esprit Consolateur, le Paraclet donné à l'Eglise. "D'où me viendra le secours ? Le secours me vient de Dieu qui a fait le ciel et la Terre." dit le Psaume. Marie est le Tabernacle très pur du Saint des saints. En elle, Le Verbe s'est fait cher et Il est venu habiter au milieu de son peuple, au milieu des hommes. Lever les yeux vers Marie, ce n'est par regarder Dieu, mais c'est regarder où Dieu a posé ses pieds pour régner, où Dieu a voulu habiter pour s'incarner en notre chair. Lever les yeux vers Marie, c'est la même chose que les Juifs qui regardaient vers le Temple en vénérant l'Arche d'Alliance que Dieu avait consacrée comme marchepied de son Trône. A la rue du Bac à Paris, Marie se montre les bras ouverts, distribuant de ses mains les grâces divines. Bernadette dira qu'elle l'a vue aussi de cette manière, "comme sur la Médaille miraculeuse" qu'elle portait. Marie console, Marie est notre secours dans les épreuves. En quoi, Marie a-t-elle les attributs de Dieu seul ? Qui peux consoler, qui peut être le parfait secours ? En Jésus-Christ, les disciples sont porteurs de la bénédiction de Dieu pour leurs frères. Au Nom de Jésus, ils peuvent guérir, consoler, soutenir, relever, enseigner, apporter le salut de Dieu aux hommes. Eux-mêmes ne sont rien, mais ils ont ordonnés, envoyés en mission pour cela. La grâce du baptême, la bénédiction de Jésus, la force de l'Esprit, la consécration au Père, leur donne ce pouvoir de porter Dieu aux autres. Pouvoir qui n'est pas de leur fait mais qui est donné à travers eux. Marie est la disciple parfaite, celle que Dieu a conçue sans péché pour porter le Saint de Dieu en elle. En elle, toute la bonté de Dieu est réunie, en elle tous les attributs de Dieu sont présentés pour servir aux hommes. Pourquoi ? Parce que Dieu a voulu que cette femme d'Israël soit la Mère de Dieu. Et en tant que mère elle détient toute la puissance créatrice de Dieu manifestée en son corps. Le Coeur de Jésus est le coeur formé en Marie, comme le Coeur de Marie fut formé dans le moule divin de l'Amour parfait, dés avant la conception du monde, au coeur du Coeur de Dieu.
On appelle parfois Marie, "co-rédemptrice" avec le Christ. Cette formule dépasse un peu la réalité théologique, il n'y a qu'un seul Rédempteur : le Christ ! Mais en quelque sorte, Marie participe par sa maternité à l'oeuvre du Fils. A Cana elle anticipe l'Heure de Jésus, en lui faisant faire le premier miracle, alors que ce n'était pas prévu par Jésus. Elle porte en son Coeur la souffrance que Jésus porte durant sa Passion. Marie n'est donc pas un des acteurs parmi les autres de la vie de Jésus. Elle entre dans le plan de Dieu et y trouve une place particulière. L'Eglise catholique et orthodoxe à voulue mettre en avant le mystère de l'Assomption de Marie pour montrer combien elle ne fut pas délaissée par le Christ après sa mort. Elle fut élevée au Ciel, auprès de son Fils, et la fête du couronnement de la Vierge au Ciel, Reine du Ciel et des apôtres, Reine de l'Univers, la fait participer à la royauté du Christ. Comme dans la royauté terrestre, la mère du Roi tient une place particulière, elle n'est pas seulement la mère de celui qui est devenu Roi, elle la "reine-mère", objet de vénération. Elle a cette autorité de distribuer les grâces qu'elle tient de son Fils, elle le fait par son Fils et au nom du Fils, par autorisation du Fils. Ambassadrice de la bonté de Dieu, elle peut être considérée comme une intermédiaire, bien que ce terme ne soit pas exact. Dieu n'a pas besoin d'intermédiaire, le Christ seul a cette charge-là. Voyons-la plutôt comme celle qui nous ouvre la Porte du Royaume, celle qui nous reçoit et nous introduit dans la chambre privée du Roi des rois. On a appelé aussi Marie "Porte du Ciel". De même, ce n'est pas très juste, la Porte est le Christ ! Marie peut être vue alors comme celle qui est à la Porte pour nous porter à l'intérieur.
"Perpétuel Secours" est cet attribut donné à l'icône que nous vénérons. Elle nous tourne vers la Croix. Etrange réconfort, mais c'est dans la Croix du Christ que nous trouverons la vraie Vie. Elle porte notre coeur, notre vie dans sa main pour l'offrir, la déposer, la consacrer dans le Coeur de Jésus. Et Lui, bien qu'il se tourne vers la Croix, il saisit cette offrande de sa Mère par sa main d'enfant. Méditons lentement sur ce détail en nous souvenant que Dieu veut que nous prenions des coeurs à aimer profondément dans le nôtre, pour que Jésus qui garde en sa main crucifié notre coeur, prenne ces âmes qui lui sont offertes pour "les saisir, les aimer, les bénir et les guérir." Marie est cette Eglise qui nous porte sans cesse dans le Coeur de l'Agneau, qui nous consacre à Lui par ses mains très pures. En elle nous ne pouvons rien craindre, nous trouvons le réconfort des pécheurs parce qu'elle nous aime au-delà de nos écarts, elle nous aime au point de ne pas supporter que nous nous égarions davantage. Elle est notre secours dans les épreuves parce qu'elle nous soutient et nous aide à poursuivre la route malgré tout, malgré la Croix, à cause de la Croix.
Nous pouvons alors dire :
"Notre Dame du Perpétuel Secours, j'ai recours à Toi, j'ai confiance en Toi ! Tout à Jésus par Marie !"


Et le Verbe s'est fait chair. (Béthléem)

 

 


Notre Dame du Perpétuel Secours

Patrick RANCOULE - commencé en 2006 Rajaramtala/Howrah
terminé à Varanasi 2008 - 2010
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